
Ana Yanna

Il m’est difficile de me nommer, de m’auto-rentrer dans une case, ou un métier artistique.
Je suis artiste officiellement depuis 2017, mais officieusement peut-être depuis 2013, ou alors peut-être depuis mon année de 6ᵉ où j’ai commencé le théâtre pour la première fois.Qui sait vraiment comment ça a commencé ?
Et ai-je vraiment besoin de l’expliquer ?On m’a donné, et je me suis donné, toutes les étiquettes possibles depuis que je suis « artiste » : mannequin, modèle, plasticienne, peintre, actrice, chanteuse, danseuse, autrice, écrivaine, parolière, artiste visuelle, designeuse textile, photographe…
Je me suis rendu compte aujourd’hui que je ne pourrais convenir à aucune case, et c’est mon chemin de l’accepter.Je m’en suis fait de violents maux de tête, vous savez. À ne pas en dormir pendant des nuits et des nuits, mais également à en pleurer, et à entrer dans des colères folles contre moi-même de ne pas être une artiste qui rentre dans une case précise.
On me dit que c’est une force, mais cela fait presque 9 ans que je m’en rends malade.
Parce que finalement, non seulement ça rassure les autres de rentrer dans une case précise, mais cela me rassurait moi-même, car j’avais peur de cette limite qui n’existe pas. Une limite qui n’existe pas et donc, tout simplement, l’inconnu.
Et j’ai eu du mal à me lancer dans cet inconnu, et ainsi défier tous les codes, mais également me défier moi-même de sortir de tous schémas .Aujourd’hui, 10 ans plus tard, j’accepte d’être cette artiste qui ne rentre dans aucune case.
C’est mon enfant intérieur qui m’a montré le chemin, dès que je me nomme, il hurle à l’intérieur, il pleure et tape contre les parois de mon cœurps pour s’échapper instantanément de ce nom, cette case, ce style.
Il est quand même incroyable, cet enfant intérieur. Il incarne une liberté que j’ai rarement vue ni connue chez quelqu’un.
Il a envie de créer sans cesse et, surtout, de suivre son envie d’être qui il veut à tout moment de la journée.
Le matin je peux être une étiquette, l’après-midi une autre, et le soir encore une autre.Je pense que nous arborons au minimum cinq étiquettes différentes par jour, si ce n’est plus.
Le tout est de choisir les étiquettes qui nous nourrissent le plus, et dans l’art, elles me nourrissent toutes.Ainsi, j’ai décidé de laisser mon enfant intérieur prendre les décisions de ce qui me nourrit aujourd’hui.
Demain, mon enfant intérieur ne connaît pas.
L’art est une question d’authenticité et de véracité, et non une question de devenir et d’être absolument telle ou telle chose reconnue dans tel ou tel domaine.
Je pense que notre enfant intérieur a quitté depuis longtemps "le jeu des étiquettes". Tandis que l’on cherche encore à “devenir”, lui s’amuse déjà ailleurs.Il m'est impossible de le quitter une seule seconde.
C’est lui, ma vérité.